Noyer (Se) Ils sont là, étendus sur le sol, couverts de boue, difformes, brisés. Cent trente-deux livres et autant de babioles, bibelots, souvenirs d’une époque révolue. Rangés il y a des mois de cela dans des cartons avec amour et application, précaution aussi. Pour plus tard, pour après, pour se souvenir, pour partager. Ils étaient là, parce qu’il n’y avait pas de place ailleurs et que je ne pouvais pas me résoudre à m’en débarrasser, trop précieux, trop symboliques. Je les pensais à l’abri dans ces cartons, dans ce placard, dans cette chambre. Mais comment aurais-je pu prévoir que l’eau allait tomber du ciel avec un tel acharnement, ruisselé avec une telle ardeur, recouvrir de boue les parquets, engloutir les jouets, imprégner la maison d’une odeur de mare, vaseuse ? Comment savoir que, justement, dans cette chambre, l’eau prise au piège allait chercher une échappatoire par le haut sur plus d’un mètre, noyant tout sur son passage. « Tout le monde va bien ! C’est l
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