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Oh les filles !

Cela faisait longtemps que je n’avais plus écrit d’article sur le viol et la culture qui l’accompagne, lassée de répéter toujours la même chose, pour n'obtenir en retour que des regards sceptiques, amusés ou agacés. Et puis ce matin, je suis tombée sur un article Facebook relatant une tentative d’agression dans une boite de nuit de ma région, et j’ai lu les commentaires. Oui, je sais, c’est complètement con de ma part de lire les commentaires sur ce genre d’article, car je finis toujours par tomber sur un lot d’avis qui me donnent envie de vomir et/ou de foutre le feu à quelque chose. Mais j’y peux rien, c’est comme les cacahuètes : une fois que j’ai commencé, je n'arrive plus à m’arrêter. Je faisais donc défiler ce flot ininterrompu de saloperies, quand j’ai été frappée par un détail qui peut paraître anodin, mais qui a son importance. La majorité des commentaires commençant par « si c’est vrai » ou « ouais, mais aussi » étaient postés par des filles. Bien sûr,
Articles récents

Le carnet perdu

D’abord, la main se glisse par automatisme dans le sac pour se saisir du carnet. Les doigts, aveugles, palpent, cherchent la couverture en moleskine prune, mais ne trouvent que le cuir lisse du portefeuille, la douceur rugueuse de la trousse à maquillage, le métal froid des clés. Bon sang ! On ne trouve jamais rien dans ce foutu sac ! Elle l’empoigne à pleine main à présent. Puisque le toucher n’a pas suffi, ajoutons-y la vue. Mais les yeux ne mentent pas, ils ne font que constater l’absence. Première bouffée d’angoisse. Elle regarde autour d’elle, en se répétant intérieurement : « Oh non ! Pas ça ! Tout, mais pas ça ! ». Mais après quelques instants de fouille méticuleuse de tous les endroits probables ou pas où elle aurait pu le poser, il faut se rendre à l’évidence : il n’est nulle part. Et elle a envie de chialer. Une envie tellement forte qu’elle lui tord le bide. A-t-elle inscrit ses coordonnées à l’intérieur ? Quand l'a-t-elle eu en main pour la dernière fois ?

Lettre à l'ado que j'ai été

Il y a quelques temps j'ai lu le très joli Lettres à l'ado que j'ai été , un recueil de lettre écrite par des personnalités à leur "moi" adolescent. Un livre qui m'a tellement touché que je me suis prêtée moi aussi à l'exercice. J'ai donc adressé une lettre à l'adolescente de 14 ans que j'étais en 2008. Salut Anna, Tu te demandes sûrement à quel moment notre existence est devenue suffisamment merdique pour qu’on ressente le besoin de s’écrire une lettre à nous-même, dix ans en arrière. Tu sais bien qu’on aime recevoir du courrier, mais quand même, il y a des limites ! Tout ça, c’est de la faute d’un livre, en fait. Un chouette livre, écrit par de chouettes personnes qui, en 2018, l’année depuis laquelle je t’écris, se battent pour que les adolescentes comme toi aient une vie moins merdique, pour que les mentalités changent, et que les hommes et les femmes soient à égalité. Et oui, le racisme, le sexisme, l’homophobie et tout le

Vous êtes mes dix-huit ans

Vous êtes mes dix-huit ans dans tout ce qu'ils ont été de plus vibrant, violent et bouleversant.   Vous êtes mes dix-huit, ceux de la liberté la plus totale, de l'équilibre le plus parfait entre l'enfance et l'âge adulte, un pied toujours au bord, l'autre déjà dans le vide. Ceux des premiers fois : fêtes, cuites, amours, ruptures… Et des dernières fois : jour de cours, examens, déjeuners ensemble, soirées pyjama… Vous êtes mes dix-huit ans, mes grandes conversations sur l’avenir - le notre et celui du monde- mes petits moments qui deviendront des souvenirs clés, mes premières prises de position politiques, mes premières révoltes, mes nuits blanches et mes jours sans soleil, mes grands chagrins et mes fous rires.   Vous êtes mes dix-huit ans, fous et insouciants, naïfs aussi parfois. De ceux qui croient que les toujours et les promesses du lycée n'ont pas de date d'expiration. Mes toujours c'est vous, parce que ce sera toujours nous.  

Arrête de créer et commence à écrire !

Je suis d’accord : le titre de cet article est assez paradoxal ! En effet, écrire, c’est créer, en quelques sortes, non? Et bien, je ne parlerai qu’en mon nom propre, mais s’il y a une chose que j’ai découverte après presque dix années passées à écrire chaque jour, c’est que l’écriture, c’est avant tout beaucoup de travail.   En effet, s’il est facile de créer les personnages et les grandes lignes d’une histoire, il est plus difficile de mener celle-ci d'un bout à l'autre. Or, ces dernières années, j’ai écrit des dizaines de débuts d’histoires, créé un grand nombre de personnages, développé leurs caractères, leurs liens avec certains de mes autres livres, et dessiné leurs lieux de vie. Mais je n’ai réussi à terminer aucune de ces histoires.   Et c’est assez dommage, parce que chacun des personnages que j’ai créés, chacune des histoires qui ont germé dans ma tête, j’ai adoré les inventer et elles méritent d’être développées et achevées. Mais pour ça, je dois arr

One day the plane ticket will be one way

Je l’ai su dès que j’ai ouvert les yeux. J’ai su que ce serait un de ces jours sans. Un de ces jours où le manque est plus fort que tout, où l’absence se fait sentir si fort que j’ai du mal à respirer et envie de tout casser tellement mon impuissance me ronge.   Parce que tu es loin et que tu me manques. Alors j’ai lancé un disque, Hollywood (deluxe ep) de Michael Bublé, un de ceux que je n’ai écoutés qu’avec toi, un de ces disques qui font partie inhérente de notre histoire, qui  me permettent de me repasser le film dans ma tête dès que j’appuie sur play. Michael Bublé donc, qui m’a immédiatement fait monter les larmes aux yeux et avec elles les souvenirs.  Cela fait déjà presque un an qu’on s’est quittés, presque un an que je t’ai dit au revoir, contrainte et forcée. Je fais défiler les photos de nos bons moments. D’habitude, j’évite de les regarder, parce que ça fait grossir le poids qui me comprime la poitrine. Mais ce matin, foutue pour foutue… Appelons ça une sor

Sorry seems to be the hardest word

Pour ceux qui me suivent depuis longtemps, on commence à bien se connaitre vous et moi, mais pour les petits nouveaux qui arrivent tout juste, d'abord bienvenue, ensuite il faut que je vous dise une chose à propos de moi : j'ai une confiance en moi qui frôle le zéro absolu. Et si je vous parle de ça, c'est parce que j'ai remarqué récemment que ce manque de confiance en moi créait un étrange phénomène : je m'excuse tout le temps ! Combien de fois par jour dites-vous pardon ? Chez moi, c'est devenu mécanique, tout est prétexte à pardon : "Pardon d'être en retard". Bon, sur ce point, je n'ai rien à dire, je suis très, trop, souvent en retard, mais je me soigne, promis. Et comme quand c'est mon tour, je déteste attendre, la moindre des choses lorsque j'arrive en courant et essoufflée parce que je faisais encore trois mille trucs en même temps et que je n'ai pas vu passer le temps, c'est de m'excuser d'avoir fai