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Sorry seems to be the hardest word


Pour ceux qui me suivent depuis longtemps, on commence à bien se connaitre vous et moi, mais pour les petits nouveaux qui arrivent tout juste, d'abord bienvenue, ensuite il faut que je vous dise une chose à propos de moi : j'ai une confiance en moi qui frôle le zéro absolu. Et si je vous parle de ça, c'est parce que j'ai remarqué récemment que ce manque de confiance en moi créait un étrange phénomène : je m'excuse tout le temps !

Combien de fois par jour dites-vous pardon ? Chez moi, c'est devenu mécanique, tout est prétexte à pardon :

  • "Pardon d'être en retard". Bon, sur ce point, je n'ai rien à dire, je suis très, trop, souvent en retard, mais je me soigne, promis. Et comme quand c'est mon tour, je déteste attendre, la moindre des choses lorsque j'arrive en courant et essoufflée parce que je faisais encore trois mille trucs en même temps et que je n'ai pas vu passer le temps, c'est de m'excuser d'avoir fait attendre les autres.

  • "Pardon de ne pas t'avoir répondu/ appelé". Ce pardon là, je le prononce par automatisme pour éviter débats et polémiques, notamment avec les membres les plus âgés de ma famille. Mais en réalité, j'en ai une sainte horreur. D'abord parce que ces mêmes personnes semblent avoir une prédisposition à m'appeler quand je suis en cours, chez le médecin, au fond de mon lit. Et surtout parce que, sous prétexte que j'ai un portable, je devrais être joignable à tout moment. Et je déteste ça, cette impression de ne jamais pouvoir se couper du monde. 

  • "Tu ne viens jamais nous voir." Pardon ! Mais pardon de quoi bon sang ? Pardon d'avoir un emploi du temps bien rempli ? Pardon d'être parfois fatiguée le week end et de n'aspirer à rien d'autre que de passer du temps tranquillement chez moi avec mon amoureux, mes chats et un bouquin ? Pardon d'avoir aussi une vie sociale ? Pardon de ne pas avoir envie d'être toujours celle qui vient, et de parfois vouloir être celle pour qui on vient ?

  • "Pardon de vous déranger mais..." J'ai prononcé cette phrase à peu près quarante fois lorsque j'ai du contacter pour la seconde fois toutes les entreprises auxquelles j'ai demandé un stage qui ne me donnaient pas de réponse. Pardon de vous déranger, mais je voudrais savoir si vous comptez donner une chance à ma candidature ou si je peux arrêter de me faire de faux espoirs, parce que tant que je n'ai pas de réponse, on ne sait jamais et j'ai vraiment besoin d'un stage. Et je suis furieuse d'avoir à m'excuser parce que ce serait plutôt à eux de le faire pour ne même pas prendre la peine de répondre, même si c'est pour dire non. 

  • "Pardon de vous déranger mais..." (bis). Celui-là est utilisé toutes les fois où je vais dans un magasin, restaurant... où je paie pour un service, une prestation et où je n'ai pas ce pourquoi j'ai payé. Encore une fois, pourquoi est-ce que c'est moi qui m'excuse ? Mystère ! Ma mère m'a dit un jour : "ils ne te font pas une faveur en te vendant quelque chose, c'est toi qui la leur fait en l'achetant, alors le minimum c'est d'avoir ce pourquoi tu paies." Depuis, j'essaye de suivre cette directive.

  • "Excusez-moi, mais est-ce que vous pourriez faire moins de bruit". Parce que vous êtes sous ma fenêtre, un jeudi, qu'il est trois heures du matin et que j'ai cours demain, bordel de merde, et que je voudrais dormir ! Mais pourquoi est-ce que c'est moi qui m'excuse ? 

  • "Tu parles trop", "Avec toi, on ne peut jamais rien dire sans que tu nous sortes aussitôt tes principes",  "Et voilà, tu es toujours dans la dramatisation"... Pardon ! Pardon ! Pardon ! D'avoir des choses à dire, d'avoir des convictions, d'être émotive. Pardon d'être moi, je vais me mettre dans un coin et me faire toute petite promis.

  • J'arrête là cette liste interminable de « pardon » en tous genres dont je passe mes journées à ponctuer ma conversation, presque comme un tic de langage. Si vous êtes comme moi, sachez qu'il faut arrêter de s'excuser tout le temps et pour tout. Il y a des situations qui nécessitent que vous vous excusiez, pour ne pas passer totalement pour un gros enfoiré ou une sale garce. Mais la plupart du temps, vous excuser alors que ce serait plutôt aux autres de le faire, c'est leur laisser la possibilité de vous marcher sur les pieds. 



Le mot "pardon" donne à la phrase un ton négatif ; essayez donc de dire exactement la même chose que ce que vous comptiez dire, mais de façon plus positive.  Et si cela vous met mal à l'aise, songez que d'autres ne s'embarrassent pas de ce genre de question, ne s'excusent pas, réclament ce qu'il méritent ou pensent mériter, n'ont aucun scrupule à ne pas donner de nouvelles, ou à exposer leur personnalité aux yeux de tous, et qu'ils ne sont ni châtiés ni haïs pour autant. Alors, comme il est dit dans un de mes films favoris : "Tête haute, jeunesse !" Parce qu'à force, c'est pour votre simple existence  que vous finirez par vous excuser.

A.S

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