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Affichage des articles du mai, 2015

A nous quatre

On est quatre, comme les filles du Dr March et les Daltons, les doigts de la main de Mickey, les quatre filles mais sans le jean, les pieds d’une table, les coins d’un carré, les as aux cartes, les points cardinaux, les feuilles de certains trèfles. Quatre, deux et deux, mon chiffre fétiche. Je suis l’ainée. Et je l’ai longtemps détesté, cette place, parce que chaque fois c’était la même rengaine : « oui mas toi tu es l’ainée alors …  », à compléter selon la situation. Je suis le bébé test, le premier jet, celle qui a essuyé les plâtres. Ce rôle-là, dont je n’avais pas forcément voulu mais dont on m’a fait cadeau à la naissance, d’office, ni repris ni échangé, il peut être lourd à porter parfois, il sous-entend des tas de responsabilités implicites. Mais, depuis qu’ils sont là, il est plus léger.   Tous les trois, ils sont ma force vive, mes fans et mes juges, mon booster. Je veux être à la hauteur, être la sœur ainée qu’ils méritent. Parce que, chacun à leur manière, ils son

Conjugaison

Taire (Se)...Ou tout ce qu’on ne dit pas On ne peut pas vraiment dire qu’elle soit silencieuse, non, ce n’est pas exactement ce qui la caractérise. Mais il existe une différence flagrante, énorme même entre le flot ininterompu de parole qui sort de sa bouche depuis sa naissance ou presque et ce qu’elle voudrait vraiment dire. Le premier sert à couvrir le bruit ou le silence, à détourner l’attention, à rappeler qu’elle existe. Le reste, elle le tait, elle le garde enfoui en elle pour ne pas blesser, ne pas froisser, ne pas mettre en colère, éviter le conflit quel qu’en soit le prix. Elle ne dit pas, par exemple, que depuis la naissance de son petit frère et de sa toute petite sœur, elle se sent comme les parents, voulant les protéger de tout mais se sachant impuissante à le faire. Elle tait aussi ce qu’elle pense réellement du frère de son copain, combien elle le hait avec son machisme, son racisme et cette manie qu’il a de s’immiscer entre eux. Elle ne dit pas qu

Côte à Côte

On est ensemble, oui. Si ensemble veut dire dans la même pièce alors oui, on est ensemble. Du moins physiquement. Pour ce qui est du mental, j’ai plutôt l’impression d’être à un million d’années lumière de toi, un peu comme ces étoiles dont je te parlais la dernière fois, celles dont nous percevons la lumière alors qu’elles sont éteintes depuis longtemps déjà. Ensembles donc. Côte à côte dans ce lit qui a été le notre pendant près d’un an.  Qui n’est plus que le tien maintenant. Tu regardes la télé d’un œil en pianotan t sur ton téléphone. Et moi j’écris , casque sur les oreilles, musique  à  fond. Côte à côte mais chacun enfermé dans son monde, retranché derrière son écran. C’est que nous ne sommes  pas vraiment seuls dans se lit. E ntre nous se glissent tes angoisses, les miennes, mes problèmes de famille, ton frère qui débarque toujours sans prévenir, la fatigue, les silences, les  non-dits . Tout ce qu’ on tait , qu’on garde pour nous, pour protéger l’autre de nous . E

Conjugaison

 Echapper (S') Dédicacé à Marine Elle était du genre à fuir, tout en restant là, statique. Elle fuyait disputes, conflits... en se cachant à l’intérieur d’elle-même, mutique et les yeux dans le vague. Elle encaissait, elle détournait l’attention et se manège durait depuis des années. Mais s’échapper, elle n’y avait jamais songé. S’échapper, ça voulait dire s’extraire d’elle-même, devenir une autre pendant quelques heures, quelques minutes, quelques instants. S’échapper, c’était faire taire leurs voix dans sa tête, les questions en boucle, les mots blessants qui revenaient. Elle planifiait cette échappée de façon simple. Si elle avait eu  de l’argent,  elle aurait pris le premier avion lui permettant de rejoindre ses amis parties travailler à l’étranger ou celle qui vivait à Paris. Elle aurait juste laissé un mot pour dire ou elle était et elle se serait volatilisée dans la masse des anonymes qui peuplent les gares et  les aéroports . L’autre option, celle don

Que reste(ra)-t-il ?

Que reste(ra)-t-il de nos amours Que reste(ra)-t-il de ces beaux jours ? Et de la joie dans leurs voix quand je demande au téléphone si on peut venir passer le week-end. Du départ après le travail parce que je travaille le samedi et de l’interrogation vitale sur l’autoroute « est ce qu’on va être o n time  pour l’apéro ? ». Du coucher de solel digne de celui du Roi Lion, au dessus des collines du pays salonais. De leur joie, la même mais en direct, quand on débarque à la manière d’une équipée fantastique. Une photo, vieille photo De ma jeunesse. Et un apéro Guacamole- Ktipiti – Ice Tea acheté exprès pour notre venue. Et puis le gratin dauphinois maison, la salade du jardin et ma fameuse vinaigrette de la mort. Les cousins qui viennent faire un coucou avant d’aller se coucher. Le chat qui fait une apparition mais repart dare-dare parce que trop de câlin. Et puis LA tarte au pomme, dorée et parfaite, qui a toujours la même recette mais jamais le même gout, si ce n’